Leïla Sebbar, J'étais enfant en Algérie - juin 1962, Editions du Sorbier, 2001, p. 29.

7 heures du soir

On campe, comme des nomades, mais on n'est pas des nomades, on a l'air de pauvres sans abri sur bitume et ciment, sans les objets et les gestes nomades. Jusqu'à quand allons-nous être malheureux et tristes ? Jusqu'à quand ne saurai-je même pas le nom de la ville ou du village de France où on va vivre ? Ils croyaient que je dormais, pourquoi les parents pensent que si un enfant est couché dans son lit, il dort forcément ? J'ai tout entendu. Ils se disputaient encore une fois, papa et grand-mère. J'ai compris qu'ils parlaient du pays où on allait retourner après plusieurs générations, la France ou la Corse.

Actualisation : juillet 2007