Leïla Sebbar
Voyage en Algéries autour de ma chambre, Suite 5
(Mars-Avril 2009)


Jusqu’où iront mes routes algériennes ?
Un jour jusqu’à Aflou que je découvrirai,
Aflou le pays natal inconnu.

 

Mars-Avril 2009

Hommage à Jacques Hassoun. Cahiers de l’APA (Association pour l’autobiographie) n° 42. L’école de Bry-sur-Marne. Saïd Faci (par Faïza Zérouala de Bondyblog), instituteur indigène (1881-1949), La Voix des humbles (1922). La Singer de Saint-Louis du Sénégal par Nancy Huston. Guerre et publicité : la photo de Marc Garanger. Commandant Benchérif. Nohant, George Sand. Café-Épicerie. Colonisation des terres agricoles des pays pauvres. Le camp d’internement de Djelfa pendant la colonisation, par Danièle Iancu. Aflou, les photos de Juliette Grandgury.

 

27-28 mars

Un colloque de psychanalyse en hommage à Jacques Hassoun. J’ai aimé ses passions nilotiques de juif d’Égypte exilé en France, comme Paula Jacques la romancière, Edmond Jabès le poète et tant d’autres dont les pays arabes se sont privés. J’ai aimé sa liberté de parole, de voix, son rire. Il n’a pas eu le temps de me parler de l’Algérie. Il est mort en 1999, il manque à ces années 2000. J’aurais voulu l’entendre sur le dernier massacre israélien à Gaza, sur la poursuite de la colonisation en Cisjordanie, ce théâtre de la cruauté.

Pascale Hassoun, Christine Goémé et les amis de Jacques Hassoun ont travaillé à ce joli livre de nouvelles. C’est en pensant à ses cartes postales d’Égyptiennes (Égyptiennes, Salah Stétié et Jean-Michel Belorgey, cartes postales, 1885-1930) (Bleu autour, 2003) que j’ai écrit ce texte : Jacques et ses femmes dans le recueil de Pascale et Christine.

 

 

28 mars

Mon amie Françoise Lott, responsable régionale de l’APA (Association pour l’autobiographie) à laquelle collabore aussi Sylvette Dupuy, la petite fille de Aimé Dupuy l’un des artisans de l’École Normale de Bouzaréa à Alger où mon père a fait ses classes « d’instituteur indigène », donc Françoise m’envoie les Cahiers de l’APA, n° 42, mai 2008, Aix-en-Provence. Les thèmes : L’autobiographie, Le rêve, La rencontre. Collèges et lycées de la région de Grèce, d’Italie, de Hongrie, la Maison d’arrêt de Luynes près de Marseille, ont participé à ces cahiers.


Un poème de Shérazade, du collège Vallon-des-Pins à Marseille 

Elle fait trop peur
Elle fait trop peur
avec ses yeux verts de sorcière.

Elle fait trop peur
avec ses cheveux serpents qui glissent,
s’entremêlent avec leurs langues qui piquent.

Elle fait trop peur
avec sa peau brillante
qui change de couleur,
qui parle comme un voleur.

Elle fait trop peur avec sa bouche noire
d’où sort un venin violet
et des histoires,
et des cauchemars.

Elle fait trop peur.

Un poème de Youssef, de la Maison d’arrêt de Luynes :

Dans mon rêve, j’entends des cris,
des hurlements de peur.
Je suis persuadé qu’il est arrivé un malheur.
J’essaie de savoir ce qui se passe.
Mais je ne comprends pas.
L’image est noire et floue.
Je vois des habits suspendus au plafond.
Je vois cinq personnes
qui crient en dessous des habits.
Mais je ne comprends pas ce qu’ils disent.

 

Mars 2009

 


Bry-sur-Marne (photo Lysel Sebbar), mars 2009.

 

Je reçois, de ma sœur Lysel, cette photo d’une école de Bry-sur-Marne avec citation dans la pierre d’Émile Zola dont on oublie qu’il était fils d’immigrés italiens. Sensible, elle aussi, à ces écoles de la troisième République elle les photographie.

 

 

Début avril

Lors d’un entretien avec Faïza Zérouala pour Bondyblog sur Mon cher fils, Faïza qui a fait un mémoire sur les instituteurs indigènes en Algérie, me parle de Saïd Faci (1881-1949) et de ses Mémoires d’un instituteur algérien d’origine indigène, supplément à La Voix des humbles, n° 98, avril 1931, qu’elle a consultées aux Archives d’Outre-mer d’Aix-en-provence. Elle m’envoie le texte des Mémoires. Saïd Faci annonce l’écrivain Mouloud Feraoun et son fils du pauvre. Une enfance identique en Kabylie, endurance, frugalité, une terre qui nourrit à peine ceux qui la travaillent, même goût pour l’école et les valeurs de la République, une République juste, la République coloniale décevra l’un et l’autre, la même vocation institutrice, ils sont formés à l’École Normale de Bouzaréa à Alger.

Saïd Faci fait l’écrivain public dans son village. Il ne sera pas écrivain.

Instituteur, il est nommé « instituteur-adjoint indigène » dans un village des Hauts Plateaux. Territoires du Sud sous-administration militaire. Humiliation « instituteur indigène ». Humiliation lorsqu’un officier français lui demande de le saluer militairement. Il refuse. Premier geste de résistance. Le jeune instituteur n’accepte pas les cadeaux des familles, il ne va ni au café maure ni à la mosquée, il manque de civilité et de piété. Reproches du Caïd. On apprend qu’il ne suit pas le Ramadan, il mange et il fume. Transgression insupportable au Bureau arabe, aux notables musulmans, aux parents. L’officier français du Bureau arabe lui conseille d’être un bon musulman. Saïd Faci s’affirme « instituteur laïque » et « libre penseur », il ne sait pas lire et écrire l’arabe. Scandale.

En 1904, nouveau poste dans un village kabyle. Il passe pour révolutionnaire. « À l’époque, un instituteur indigène qui, comme moi, voulait régler sa vie en dehors de son milieu d’origine ne pouvait être qu’un esprit dangereux. » Saïd Faci souffre des discriminations de l’Administration à l’égard des indigènes. Habillé à l’européenne, il porte une chéchia, le coiffeur « Je ne fais pas de clientèle arabe ». Pour les musulmans, Saïd Faci est un « renégat », pour les Européens un « bicot ». Le marabout lui reproche de porter le costume des infidèles. L’instituteur lui répond qu’il défend « la religion du bien ». Vexations diverses de l’administration de la commune mixte. Il décide de demander sa naturalisation pour échapper à cet état de sujet « un Français a le droit de commander à un indigène » lui dit son directeur. Enquête. Mésaventures. Jusqu’au 9 juin 1905 où il est déclaré citoyen français.

En 1906 il est nommé à Bordy-Bou-Arréridj en Kabylie. Instruire les indigènes est pour lui une mission. Désormais il travaille à la défense des opprimés « les pouilleux ». Durant 20 ans, il est membre de la Ligue des Droits de l’Homme. Nombreux sont les « indigènes instruits » qui travaillent à la Ligue. On les traite « d’indigènes bolcheviks ». Démêlés avec sa hiérarchie parce qu’il se bat contre les injustices : il gagne, les fonctionnaires algériens obtiennent les mêmes indemnités de vie chère que les fonctionnaires de métropole.

Secrétaire syndical, Saïd Faci poursuit son combat pour l’émancipation et « l’assimilation des indigènes ». Il fonde une revue La Voix des humbles en 1922. Pour lui, une élite indigène instruite peut jouer « un rôle civilisateur » si elle obtient le statut de citoyens pour les indigènes et si elle renonce aux préjugés et aux croyances ancestrales de la communauté qui entravent sa marche vers la modernité. Il écrit « Le statut de musulman n’est pas incompatible avec le progrès ».

L’opposition acharnée du colonat contre l’instruction de tous les indigènes et contre la citoyenneté pleine et entière accordée aux indigènes aura raison contre ces « hommes frontières » dont parle l’historienne Fanny Colonna, ces « instituteurs algériens d’origine indigène » comme les nomme Saïd Faci, ces instituteurs musulmans laïques que furent mon père, ses amis Mouloud Feraoun, Khelladi, Nouar, Berkani…

Saïd Faci meurt en 1949. Il avait quitté l’Algérie pour le Sud-Ouest de la France. Il n’était pas à Sétif, Guelma… en mai 1945, pour assister aux prémisses de la Révolution algérienne. A-t-il pressenti à travers les divers mouvements nationalistes algériens ce qui arriverait en 1954 ?

 

 

Avril 2009

La Singer n’a pas échappé à Nancy Huston qui m’envoie, ironie amicale, une photo de Saint-Louis du Sénégal, prise depuis une calèche conduite par un enfant qui s’appelle comme le sculpteur Osman Saw… C’était en février 2009.


Singer. Saint-Louis du Sénégal, février 2009.


Je lis, dans une colonne du journal Le Monde, une nouvelle qui me réjouit « Les cours de couture ne connaissent pas la crise ». Des apprenties couturières suivent les cours d’une ancienne costumière pour le cinéma, des jeunes femmes veulent créer leurs propres vêtements. Chez Singer, la clientèle a rajeuni et les cours ne désemplissent pas.

Je peux encore m’amuser à photographier les enseignes Singer et mes amis m’en enverront encore à l’image, depuis des pays lointains. Singer et Vache qui rit.



Semaine du 20 avril

Dans ma rue, des panneaux Decaux, publicité pour « le nouveau parfum diesel ». Je vois l’image de loin. Noir et blanc. Je reconnais une photographie du livre de Marc Garanger La guerre d’Algérie, publié au Seuil. C’est la photo de couverture. Je m’approche. Un homme brun, le cheveu ras, barbe de trois jours, noire, est assis sur le sol, les mains croisées sur ses jambes repliées. Il regarde fixement l’objectif. Il porte un blouson noir, un pantalon de toile. Je lis le texte. Une publicité pour un parfum. Pourquoi cet homme-là, dans cette position ? Chez moi, je cherche le livre de Garanger, l’appelé-photographe que j’ai rencontré il y a plus de 20 ans. C’est la même photo, presque. Je ne me suis pas trompée. Le publicitaire connaît la photo de Garanger : le commandant Benchérif de l’ALN (Armée de Libération Nationale) pris à Aumale le 25 octobre 1960. Garanger a photographié le prisonnier algérien dans la même position, on voit des menottes. Le regard est plus révolté. J’ai tenté de joindre Marc, je ne l’ai pas eu au téléphone. Le lendemain je voulais photographier l’homme au Diesel, une autre publicité l’avait remplacé.

 

15 avril


De Nohant à Paris. Après Vierzon, 16 avril 2009 (coll. Part.).

 

Retour à Nohant (avec D.) chez George Sand, dont j’ai relu Indiana qui avait fait l’objet avec Jacques d’un DES à la Sorbonne. Gustave Flaubert dans son journal de voyage en Égypte écrit qu’il a emporté le roman de son amie George, Indiana, dans son bagage.

Je retrouve la maison pour un texte que les Monuments Nationaux demandent à des écrivains. Au Sélect, Gabriel Morax me présente la liste des Monuments Nationaux. Je ne suis pas sûre de trouver le « Monument » dont j’aimerais parler. La liste est longue, le livre (photos-textes) sera impressionnant. Jusqu’à Nohant, pas un « Monument » qui m’inspire, je m’arrête à Nohant. Je choisis Nohant, la maison de George Sand.

J’achète La petite Fadette que je relirai avec François le Champi pour un texte sur les orphelins, orphelines, « les enfants pauvres » et abandonnés, j’en reparlerai.

 


De Nohant à Paris. Après Vierzon, 16 avril 2009 (coll. Part.).

 

Sur la route après Vierzon, de Nohant vers Paris, des cafés-épiceries, de ces cafés ruraux qui disparaissent comme sont en train de disparaître les cafés arabes des chibanis (les ouvriers arabes et kabyles de la première génération) ces vieux que j’aime, même lorsqu’ils ne sont pas aimables.

 


15 avril

Dans l’hôtel de Nohant, La petite Fadette, je lis un article du Monde sur la sécurité alimentaire et les terres convoitées, louées ou achetées aux pays pauvres, agraires, non industrialisés par les pays pétroliers : Arabie Saoudite, Émirats arabes unis et les pays qui ont besoin de terres agricoles : la Corée du Sud et la Chine, prédateurs en Afrique mais aussi en Indonésie, aux Philippines, au Pakistan. Des millions d’hectares (environ 7 millions) sont ainsi (avec l’agrément des gouvernements locaux grassement payés) bradés et les petits paysans souvent dépourvus de titres de propriété devront subsister face à des géants cupides. D’ici à 2010, un million de paysans chinois touchés par la crise en Chine, seront installés sur des terres africaines… On prétend qu’ils aideront les populations locales à améliorer la production agricole. Sur quelles terres ? Ce que les Chinois produiront sur « leurs terres » en pays étranger sera exporté vers la Chine pour nourrir des Chinois, constate l’économiste Jean-Yves Carlantan.

Un effet de la mondialisation dont chacun continue à faire l’éloge, sans penser qu’il s’agit d’abord de la solidarité du capitalisme financier international et des actionnaires, avant la solidarité des peuples qu’on manipule avec un cynisme que la crise actuelle n’a pas amoindri.
La délocalisation agricole, c’est une colonisation agricole et en aucun cas une aide généreuse aux pays en développement. Marchandisation de la terre nourricière au profit de quelques-uns, on ne peut s’empêcher de penser à la marchandisation du ventre des femmes, mères porteuses. Quelle liberté pour le petit paysan ? Quelle liberté pour l’Ukrainienne ou l’Indienne mères porteuses ? On n’achète pas une terre-mère avec des pétrodollars, on n’achète pas un ventre de mère.

Rappelons la révolte du peuple malgache contre un gouvernement corrompu qui a loué 1,3 million d’hectares à la Corée du Sud. Qu’en sera-t-il de ces hectares avec le nouveau gouvernement ? Prendra-t-il à son tour des dividendes contre son peuple, au nom de l’implantation de nouvelles technologies agricoles qui augmenteront les rendements en polluant les sols, au profit de la Corée et non de Madagascar.

La crise est mondiale, les révoltes paysannes et populaires seront mondiales partout où la mondialisation capitaliste, internationale, financière, détruit, exploite, donne la mort.

Mondialisation cannibale.

 

 

23 avril

Je reçois, d’une amie d’Albert Bensoussan, Danièle Iancu, deux textes sur Djelfa. Aflou est au sud de Djelfa dans le sud oranais. Isabelle Eberhardt est passée dans cette petite ville coloniale établie par les Français en 1852. Une communauté juive importante, de familles venues d’Aflou, Zénina, Laghouat, Bou Saada, Ghardaïa. Danièle Iancu, historienne médiéviste raconte son enfance à Djelfa, la vie communautaire juive, les rituels, les fêtes, les raffinements de la cuisine et des confiseries, les synagogues, le Talmud Thora où on enseigne la religion et l’hébreu (il n’existe pas en Algérie d’école de l’Alliance Universelle Israélite, le décret Crémieux a donné aux Juifs d’Algérie la citoyenneté française, les enfants sont scolarisés dans les écoles de la République coloniale).

Avec le dernier rabbin de Djelfa, mort en 1962, des livres de prière usagés sont enterrés dans le cimetière juif dont les tombes sont entretenues par la municipalité, d’après les informations données à Danièle Iancu en juillet 2005 par Hamid Nacer Khodja (auteur d’une thèse sur Jean Senac), habitant de Djelfa.

C’est dans un article de Danièle Iancu pour La Revue des Mondes Musulmans et de la Méditerranée de 2006, qu’il est question d’un camp d’internement à Djelfa. D’abord la relégation du prince Khmer, Duong Chakr à Djelfa, en résidence surveillée de 1893 à 1897 avec sa femme et son fils. La France rapatrie mère, enfant et corps princier au Cambodge depuis Marseille, par le paquebot Chandernagor.

Ensuite de 1940 à 1942 le camp d’internement où se retrouvent des Espagnols républicains et un groupe des Brigades Internationales dont des Juifs d’Europe de l’Est. Travaux forcés des prisonniers en relégation à Djelfa, surveillés par des goumiers. Lors de l’inhumation d’un prisonnier juif allemand, juifs séfarades et juifs ashkénazes se rencontrent au cimetière. Danièle Iancu rapporte le récit de Benjamin Lubelski interné à Djelfa. Les juifs d’Europe de l’Est s’étonnent des rites et des croyances des juifs du sud algérien, du rabbin vêtu comme Maïmonide, burnous et turban, de l’hébreu incompréhensible parlé par le rabbin, des tombes des enfants juifs dépourvues de pierres tombales pour que d’autres enfants ne meurent pas (contre le mauvais œil)…

La récitation du Kadish les rassemble dans la même émotion.

Je n’aurais jamais eu connaissance de ce camp d’internement sous Vichy à Djelfa (je sais que Aflou a été dans les Territoires du sud si difficiles à pacifier, un lieu de relégation pour les suspects politiques des années Vichy, dont mon père et d’autres musulmans), sans le réseau amical depuis Albert Bensoussan et la trilogie de Mes Algéries.

 

 

Avril 2009


Juliette Grandgury avec deux Ksouriens, années 40.

 

Revenant de l’île de Porquerolles avec D., j’étais allée voir, à Hyères, Juliette Grandgury. Elle avait plus de 85 ans, elle est née en 1912. On avait parlé d’Aflou, elle m’avait donné des photos qu’elle avait retrouvées. Petite, menue, je voyais la sage-femme (infirmière diplômée d’État, arrivant des Vosges à Aflou) qui m’a mise au monde (mes sœurs Lysel et Danièle aussi) à Aflou, petite ville des Hauts Plateaux dont je parle dans mes livres sans la connaître. Je lui ai envoyé des livres qu’une lectrice lui a lus, elle m’a offert des fragments de bijoux kabyles. Je l’ai appelée souvent, elle a répondu jusqu’au jour où je n’ai plus entendu sa voix. C’était la lectrice auxiliaire de vie qui répondait au téléphone. Un jour de l’été 2008, Monique Jonquet m’a annoncé la mort de Juliette Grandgury. Un autre jour d’avril 2009 j’ai reçu les photographies algériennes de Juliette envoyées par Monique Jonquet : Aflou, années 40 ; Alger, années 60 ; Le Mzab, années 60.

 


Région d’Aflou, années 40 (photo Juliette Grandgury).

 


Djebel Amour (avril 1939), nomades des Oulad Mimoun Ghéraba
(photo OFALAC, Alger, collection : Juliette Grandgury).

 


Djebel Amour (avril 1939) (photo OFALAC, Alger, collection : Juliette Grandgury).

 


Comme Thérèse Rivière et Germaine Tillon dans les Aurès, Germaine Laoust-Chantréaux à Aït Hichem en Kabylie dans les années 30, des femmes intrépides, curieuses, appareil photos en alerte, elles sont allées à dos de mule, à dos de cheval là où n’allaient pas les autres femmes, sans mari, ni frère, ni protecteur, à travers montagnes et déserts, telle Juliette Grandgury sur les Hauts Plateaux. Je pense à l’aventurière généreuse, vive et efficace. Elle disait, parlant des prostituées Ouled Naïl à la visite médicale obligatoire « Ces pauvres femmes, elles étaient dans un état lamentable, l’absinthe, le kif, la troupe… J’ai fait ce que je pouvais pour elles, très peu de choses… Elles mouraient pas bien vieilles… » Juliette est vivante dans la trilogie de Mes Algéries en France (Bleu autour, 2004, 2005, 2008). Elle vit aussi dans ses photographies que Monique Jonquet m’a fait parvenir, c’est un beau cadeau. Voici donc des photos d’Aflou. Plus tard, Alger et le Mzab.

 

 


Aflou, l’église, carte postale.

 

Actualisation : juillet 2009