Denis Diderot

Jacques le fataliste et son maître

(écrit en 1773, publié en 1796)



SOMMAIRE

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1: "Comment s'étaient-ils rencontrés? (...) Allons, Jacques, console-toi; n'es-tu pas trop heureux d'avoir rattrapé ta bourse et la montre de ton maître, et qu'il t'en ait si peu coûté?"

2: "Jacques remonte sur son cheval et fend la presse qui s'était faite à l'entrée de la maison du magistrat; mais comme il souffrait avec peine que tant de gens le prissent pour un fripon, il affecta de tirer la montre de sa poche et de regarder l'heure qu'il était; puis il piqua des deux son cheval, qui n'y était pas fait, et qui n'en partit qu'avec plus de célérité. (...)
LE MAITRE: Ces quipropos sont affligeants. Parlons d'autre chose."

3: "Jacques, un peu rassuré par les interprétations diverses qu'il avait trouvées au pronostic du cheval, dit: (...) Il avait affaire à une coquine très rusée qui, au lieu de le faire exécuter dans ses meubles, se jeta sur sa personne, le fit prendre et mettre en prison; en sorte que quelque bizarres que fussent les réponses enigmatiques qu'ils m'avaient faites, elles n'en étaient pas moins vraies."

4: "Tandis que je vous faisais cette histoire, que vous prendrez pour un conte... - Et celle de l'homme à la livrée qui raclait de la basse? - Lecteur, je vous la promets; d'honneur, (...) Vous regardiez comme fous certains Coutelets qui faisaient voeu de se passer à forfait de Gaines, et comme folles certaines Gaines qui faisaient voeu de se fermer pour tout Coutelet; et vous ne pensiez pas que vous étiez presque aussi fous lorsque vous juriez, toi, Gaine, de t'en tenir à un seul Coutelet; toi, Coutelet, de t'en tenir à une seule Gaine."

5: Ici le maître dit à Jacques: "Ta fable n'est pas trop morale mais elle est gaie. Tu ne sais pas la singulière idée qui me passe par la tête. Je te marie avec notre hôtesse et je cherche comment un mari aurait fait, lorsqu'il aime à parler, avec une femme qui ne déparle pas. (...) La Pommeraye lui disait: "Vos discours font merveilleusement l'éloge de vos parents; les premières leçons qu'on en reçoit ne s'effacent jamais. Vous entendez toutes les subtilités de l'amour divin, comme si vous n'aviez été qu'à saint François de Sales pour toute nourriture. N'auriez-vous pas été un peu quiétiste? - Je ne m'en souviens plus..."

6: "Il est inutile de dire que nos dévotes mirent dans la conversation tout ce qu'elles avaient de grâces, d'esprit, de séduction et de finesse. (...) Jacques s'écria douloureusement : "Il était donc écrit là-haut que je descendrais!..."

7: "L'HOTESSE, à Jacques: Il était écrit là-haut qu'au moment où l'on prend maître, on descendra, on montera, on avancera, on reculera, on restera, et cela sans qu'il soit jamais libre aux pieds de se refuser aux ordres de la tête. Qu'on me donne le bras, et que mon ordre s'accomplisse..." (...)
JACQUES: Ce n'était ni un jour de foire, ni un jour de marché."

8: "LE MAITRE: Tu allas à la ville. (...) Le chevalier se tourne de son côté et lui dit: "Allons, monsieur Mathieu de Fourgeot, nous n'avons plus un moment à perdre, conduisez-nous vite..."

9: "Fourgeot, sans avoir l'air de l'écouter, déliait une petite bourse de chamois. (...) Elle disait plaisamment de la religion et des lois, que c'était une paire de béquilles qu'il ne fallait pas ôter à ceux qui avaient les jambes faibles. Les femmes qui redoutaient son commerce pour leurs maris le désiraient pour leurs enfants."

10: JACQUES, après avoir dit entre ses dents: "Tu me le paieras ce maudit portrait", ajouta: Vous avez été fou de cette femme-là? (...) "S'il est écrit là-haut que tu seras cocu, Jacques, tu auras beau faire, tu le seras; s'il est écrit au contraire que tu ne le seras pas, ils auront beau faire, tu ne le seras pas; dors donc mon ami." Et qu'il s'endormait.



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