L'Ecole des femmes
Acte V


Scène 3 - AGNES, ARNOLPHE, HORACE

HORACE, A Agnès.
Ne soyez point en peine où je vais vous mener;
C'est un logement sûr que je vous fais donner.
Vous loger avec moi, ce serait tout détruire:
Entrez dans cette porte, et laissezvous conduire.

(Arnolphe lui prend la main sans qu'elle le reconnaisse.)

AGNES, à Horace.
Pourquoi me quittez-vous?

HORACE
Chère Agnès, il le faut.

AGNES
Songez donc, je vous prie, à revenir bientôt.

HORACE
J'en suis assez pressé par ma flamme amoureuse.

AGNES
Quand je ne vous vois point, je ne suis point joyeuse.

HORACE
Hors de votre présence on me voit triste aussi.

AGNES
Hélas! s'il était vrai, vous resteriez ici.

HORACE
Quoi! vous pourriez douter de mon amour extrême?

AGNES
Non, vous ne m'aimez pas autant que je vous aime.

(Arnolphe la tire.)

Ah! l'on me tire trop.

HORACE
C'est qu'il est dangereux,
Chère Agnès, qu'en ce lieu nous soyons vus tous deux,
Et ce parfait ami de qui la main vous presse
Suit le zèle prudent qui pour nous l'intéresse.

AGNES
Mais suivre un inconnu que...

HORACE
N'appréhendez rien:
Entre de telles mains vous ne serez que bien.

AGNES
Je me trouverais mieux entre celles d'Horace,
Et j'aurais...

(A Arnolphe, qui la tire encore.)

Attendez.

HORACE
Adieu. Le jour me chasse.

AGNES
Quand vous verrai-je donc?

HORACE
Bientôt, assurément.

AGNES
Que je vais m'ennuyer jusques à ce moment!

HORACE, en s'en allant.
Grâce au ciel, mon bonheur n'est plus en concurrence;
Et je puis maintenant dormir en assurance.



Acte V, Scène 4 / Introduction à l'Ecole des femmes
Le Malade imaginaire - Le Bourgeois gentilhomme (extrait)
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5 juin 1996
cnetter1@swarthmore.edu