La poésie est un sujet qui passionne, depuis bon nombre d'années, Huguette Bertrand, auteure québécoise. Dans un échange avec l'éditrice de ClicNet, l'auteure nous livre de façon tout à fait spontanée, ses impressions sur la poésie, comment elle vit la poésie, comment elle l'écrit.

Un poème, c'est encore mieux s'il est commenté par son auteur! "Courrier poétique" vous propose aussi de découvrir un commentaire fait par l'auteure sur la création du poème "La repousse". Vous pourrez également l'entendre lire "Voix", une des poésies d'un recueil qui paraîtra cette année aux Editions En Marge. Des liens ont été créés pour vous faire connaître d'autres oeuvres de l'auteure.



Carole Netter:
[...] Pourriez-vous m'expliquer comment vous avez écrit le poème intitulé "La repousse"? Est-ce que ce projet est né d'un contact avec le sol humide ou autre... parlez-moi de tout ce qui me ferait bien comprendre votre façon d'écrire.


Huguette Bertrand:
Prenez par exemple, ma réponse à un courrier d'un internaute:
"Un tout petit mot pour vous remercier de votre appréciation du poème "Voix". Et si mon poème vous a ému, croyez bien qu'il m'émeut aussi, non par suffisance, mais parce que je ne comprends pas encore comment il m'est venu. Il s'est écrit d'un trait au cours d'un certain dimanche après-midi. Il me semble que l'écriture poétique est tout à fait mystérieuse parfois!..."

Ecoutez "VOIX" lu par l'auteure
et lisez CE POEME.

Enfin, ce que je lui écris à propos de ce poème peut vous donner une partie de la réponse à votre question sur ma façon d'écrire.

En fait, lorsque j'écris, j'essaie de montrer quelques instantanés de ma perception de la vie, la vie que nous vivons tous, ses différentes facettes. Le poème peut venir d'un simple mot entendu, ou d'une expression qui s'est formée par la combinaison de quelques mots, d'une image, d'une sensation par rapport à un événement, etc. Parfois, il suffit d'un mot qui vous arrive à l'esprit pour voir apparaître un poème en entier. En fin de compte, je pense que j'aime les mots; ils me passionnent en autant qu'ils me permettent d'en faire des combinaisons neuves. Faire quelque chose de neuf avec du banal, du quotidien. Ecrire du jamais dit qui vient surprendre!

Ma conception de la poésie est celle-ci: En poésie, il faut montrer, suggérer, faire ressentir, et non dire. La poésie est là pour faire imaginer... Et si un(e) lecteur(trice) me dit: "quand j'ai lu telle ou telle chose, ça m'a fait penser à", ce qui est tout le contraire la plupart du temps de ce que j'ai pensé lorsque je l'ai écrit, alors je me dis que ce poème est achevé puisqu'il semble pouvoir multiplier les perceptions qu'on en a.

De plus, l'idée m'est donc venue d'aller dans le site Autre Frontière et de vous copier ici un bref entretien sous forme de 4 questions auxquelles j'ai répondu:


Prenez connaissance de cet entretien dans le numéro 5 (hiver 1995-1996) d'Autre Frontière



Consultez
la version html
de ce poème


Huguette Bertrand:
Parlons maintenant du poème "La repousse". En effet, ce poème m'est venu en quelque sorte d'un regard sur le sol humide!
Ce poème a été écrit il y a quelques années, vers la fin de l'automne, alors qu'il n'y avait presque plus de feuilles aux arbres. Il pleuvait et me sont venues des réflexions sur la vie, la mort en général, ma propre mort, et j'ai eu un flash qui me montrait une tranche de pain imbibée d'eau laissée dans l'entrée de la maison que j'habitais auparavant. C'est comme s'il s'était fait un amalgame entre la pluie, les feuilles mortes, la tranche de pain imbibée, et pour la question des mouches qui braconnent, bien, elles sont venues s'ajouter à mon insu. Et concernant la dernière strophe, je l'ai terminée de façon ironique, comme une sorte de provocation. Et la repousse, pour moi, veut dire qu'une fois mort, notre corps peut devenir un très bon engrais pour faire pousser les fleurs ou les feuilles, de printemps en printemps. Et concernant le vers: "enterrez-moi comme un hasard", j'ai pensé, à ce moment précis, que chacun de nous n'étions que de petits grains de sable dans l'univers humain, même si parfois, on en vient à penser qu'on est le centre de l'univers. Mais je peux dire que nous sommes tous et chacun le centre de notre propre univers personnel, et nous en faisons ce que nous voulons, pour le meilleur et pour le pire.

Bon, je crois que j'ai un peu débordé du propos de la poésie proprement dite. Mais parfois, il m'arrive de me laisser emporter par mes réflexions!...

Vous m'excuserez sans doute de vous avoir brossé la petite histoire d'un de mes poèmes. Mais comme je vous l'ai dit, je me laisse parfois emporter!...

Dans mes poèmes, j'ai toujours essayé de n'écrire que l'essentiel; essayer d'aller droit au but, sans artifices, de surprendre aussi par des expressions neuves. On pourrait appeler cela de l'agencement de mots, et ça donne des couleurs autres que celles que l'on voit dans le quotidien, bien que ce soit toujours inspiré de mon quotidien d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Il m'arrive d'anticiper.

Bon, j'espère que j'ai un peu répondu à votre question au sujet de ma façon d'écrire.

Je vous envoie un grand salut de Trois-Rivières et je vous dis: Au plaisir!



Huguette
27 août 1996



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