Interview de Jean-Michel Raffali
au sujet de sa nouvelle
Chienne de vie

réalisée par un groupe d'étudiants de français de Swarthmore College (USA)
Septembre 1996



Jerry Melichar: "Chienne de vie était une très bonne façon de commencer un nouveau semestre de français en première année d'université!"

Carole Netter: "C'est ce que je pensais aussi lorsque j'ai choisi de faire lire à mes étudiants cette charmante nouvelle de Jean Michel Raffali que nous vous conseillons de lire en premier. Vous la trouverez sur le site personnel de l'auteur."


Lotus Altman
"Comment êtes-vous arrivé à cacher l'identité du narrateur? Quelle bonne idée! Je pense que nous avons tous les deux un amour pour les chiens. Je suis heureuse que vous ayez écrit sur eux."

Gabriel Cumming
"Je n'ai jamais lu une histoire selon la perspective de Chienne de vie. C'est très original, et les nouvelles idées que votre histoire m'a présentées m'intéressent beaucoup. Je penserai plus aux animaux domestiques à l'avenir. C'est une bonne blague aussi!"

Emily Kalovidouris
"Je me suis bien amusée quand j'ai lu votre nouvelle. Elle est très charmante et je n'avais aucune idée que le narrateur était un chien jusqu'à la fin. J'adore les fins étonnantes."

Ana Lazic
"Monsieur raffali, votre nouvelle est très mignonne et intéressante et elle m'a fait rire quand j'ai compris que le narrateur était un chien."

Karen Lloyd
"Le chien est très fidèle. La fin de l'histoire est surprenante! Je pensais que le narrateur était un homme. J'aime beaucoup cette perspective originale."

Will Mackintosh
"Votre histoire est différente de la plupart des autres histoires. Elle est amusante et en même temps elle fait réfléchir sans donner de réponse."

Samira Mehta
"J'ai aimé votre conte. L'idée du chien est jolie. Est-il possible de vous poser quelques questions sur votre texte?"

Amy Rhodes
"Après avoir lu votre histoire, je vois les choses d'une autre manière. Vous me rappelez que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être."

Elizabeth Ryan
"C'est difficile de trouver un auteur qui parlera à des étudiants. Vous êtes très gentil. Votre nouvelle est très intéressante et pleine d'imagination. Merci de nous accorder votre temps."

Hillary Thomsom
"Votre nouvelle m'a fait penser à ma chienne qui n'est pas à l'université avec moi!"


"Et maintenant, nous aimerions vous poser quelques questions sur Chienne de vie.
Merci de bien vouloir nous répondre."


Comment êtes-vous arrivé à l'idée de cette histoire?

En fait, l'existence de Chienne de vie est due à de nombreux facteurs très différents et certainement très complémentaires et à vrai dire je n'y avais pas tellement réfléchi jusqu'ici. Si mes souvenirs ne me trahissent pas, voici en deux mots l'historique de cette nouvelle qui a été mon premier vrai texte. J'avais à l'époque une trentaine d'années, un travail qui ne me plaisait pas et pour lequel je sentais ne pas être fait, une grosse envie d'être connu, reconnu. C'est pendant cette période que j'ai d'ailleurs découvert la PNL, méthode de communication et de changement mis à jour par deux de vos talentueux compatriotes, Richard Bandler et John Grinder. C'est elle qui en grande partie a dû me faire découvrir le plaisir de raconter des histoires et de créer des métaphores. C'est dans ce contexte que je me suis mis à écrire. En fait l'écriture n'est qu'une des composantes de mon existence. Je suis persuadé que chacun de nous possède un ou plusieurs talents, dons cachés et qu'il lui faut plus ou moins de temps pour les découvrir. Je me considère un peu comme un aventurier, un grand voyageur qui cherche à mettre à jour ces dons, ces talents. Chienne de vie fait partie des enfants de cette recherche. Si elle vous a plu, si elle a trouvé en vous un quelconque écho, elle aura rempli son office. Merci.


Où avez-vous trouvé l'idée de tromper le lecteur sur l'identité du narrateur?

Ce que j'aime lorsque j'écris, c'est l'effet de surprise. Cela passe souvent par une position de perception particulière qui n'est dévoilée que par la fin ou très tard dans le récit. Le titre donne des informations dès le départ pour qui s'y arrête suffisamment. Je joue sur le fait que le lecteur perd rapidement l'idée du titre du récit. Il y repense souvent en lisant la fin du texte, ce qui augmente encore l'effet de surprise et de bonne humeur.


Pourquoi avez-vous choisi un chien comme narrateur?

Mon bonheur est de parvenir à ce que le lecteur soit surpris par la nouvelle une fois qu'il a terminé. En fait le texte ne devient intéressant que lorsqu'une lecture superficielle et consciente laisse place à un cheminement inconscient différent, et que ce cheminement, en général, provoque une réflexion qui peut être en plus thérapeutique dans le cas où l'inconscient y trouve une réponse à une question particulière. J'aime beaucoup travailler sur l'aspect thérapeutique des métaphores.


A votre avis, quel est le moment où l'identité du narrateur apparaît?

Je ne sais pas trop... J'essaie de faire en sorte de ne pas piéger le lecteur, qu'il ne se sente pas feinté dans mes textes. Alors dans cette démarche je me sens obligé de dire la vérité sans lever le voile, ce qui donne à peu près une littérature de ce type. C'est à dire un texte dans lequel le lecteur ne peut pas dire qu'on lui a caché quoi que ce soit et où l'effet de surprise existe tout de même. Je dirai même plus, l'effet de surprise est d'autant plus fort et sincère que rien n'est caché au lecteur. En fait une histoire dans laquelle vous sentez dès le départ des non-dits n'aura forcément pas le même effet.


Quelle était votre situation sentimentale au moment où vous avez écrit Chienne de vie?

Eh bien écoutez, j'étais déjà marié, père de deux enfants et heureux de vivre en famille. Je n'ai pas vraiment étudié mon état psychologique au moment où Chienne de vie est née et pourtant je crois comme vous me donnez l'impression que tout ce qui sort de Nous est guidé par un état de conscience ou d'inconscience particulier. Je vous promets d'y réfléchir et de vous donner une réponse plus précise... si je parviens à me souvenir...


Pourquoi avez-vous écrit une histoire sur un chien?

Comme je vous le disais, je crois que le chien est l'animal qui se rapproche le plus de nous par rapport aux sentiments. C'est l'animal de compagnie le plus proche de l'être humain, il vit la vie que son maître vit, sans se poser de question, il en devient presque son ombre. On dit même qu'au bout de quelques années le mimétisme est tel que l'on ne peut se tromper sur l'identité du maître et du chien. Je dois avouer que j'ai pu vérifier à plusieurs reprises ces informations sur le terrain.


Pourquoi avez-vous choisi un chien comme animal, au lieu d'un chat ou d'un autre animal?

Je crois que le chat est trop indépendant et trop individualiste pour avoir des sentiments aussi forts pour son maître. Je pense, ça n'engage que moi, que le chat est un animal "profiteur". Il est intéressé uniquement par le côté nourriture et abri de sa relation avec l'être humain. Le chat est un animal plus sauvage que familier et de compagnie. Il a su tirer au cours des siècles les bénéfices d'une relation que de toute façon il ne pouvait pas éviter. Grande intelligence que celle du chat. Et pour finir, je crois que si un jour je fais parler un chat, le discours sera tout autre... mais l'idée est intéressante...


Pourquoi est-ce que vous avez choisi un chien au lieu d'une chienne?

Ça, c'est une question extrêmement intéressante, en tout cas pour moi. Il peut y avoir des réponses à plusieurs niveaux, bien qu'une fois de plus ce n'est pas quelque chose auquel j'ai profondément réfléchi au moment de l'écriture. Ça peut être tout simplement parce que moi-même je suis un homme et que je connais mieux sans doute les sentiments des êtres humains mâles que femelles. Cette réponse doit jouer pour 30% dans le processus. Je pense aussi au fait que chez nous en France il est plus vulgaire de comparer une femme à une chienne qu'un homme à un chien... Qu'en est-il chez vous? Je crois finalement que la raison fondamentale en est que c'est assez rare dans notre société aujourd'hui, bien que ça tende à changer, qu'une femme soit seule à aller travailler alors que l'homme reste à la maison, et je pense que ce processus donne une raison de plus à l'inconscient du lecteur pour être perturbé, occupé à penser à autre chose qu'a résoudre une énigme parallèle telle que " est-ce un homme qui parle ou un chien? Troubler le lecteur sans le tromper, voilà je pense la véritable raison de ce choix.


Avez-vous un chien ou une chienne? Si oui, comment l'appelez-vous? Est-ce que vous lui rendez toute son affection?

Etant petit, mes parents ont eu une chienne qui s'appelait Belle et avec qui j'ai passé une enfance extraordinaire. Mon frère, ma soeur et moi-même l'adorions et nous passions des moments fabuleux ensemble. Elle se promenait partout avec nous, nous l'amenions même en mobylette. Ensuite, lorsque j'ai quitté ma ville natale en 1983 pour travailler à Ajaccio j'ai eu un jeune chien Billy dont nous avons été contraint de nous séparer, à mon grand regret à la naissance de mon premier enfant, Robin. Aujourd'hui ma petite fille, Séréna a envie d'avoir un animal avec lequel elle partagerait de bons moments et dont elle s'occuperait et nous envisageons peut-être d'adopter un chien. Pour ce qui concerne l'affection qu'on lui porte, je pense qu'un chien a une personnalité propre que ses maîtres l'aident à construire et que cette personnalité doit être respectée au même titre que celle des autres êtres humains.


Avez-vous un chien qui a les mêmes réactions que celles du chien de votre histoire?

Pour répondre rapidement à la question je dirais simplement non. Mais je pense sincèrement qu'un animal, et un chien en particulier, qui fait partie d'une famille est soumis à des états d'âme comme les autres membres du groupe auquel il appartient. S'il arrive quelque chose de sympathique, le chien partage le plaisir et si le groupe ou un de ses membres traverse un malaise, l'animal le partagera également. Je ne pense pas qu'on puisse dire qu'un chien possède réellement les mêmes processus de perceptions et d'interprétations que les hommes et les femmes, mais il a les siens propres et ils sont respectables.


Ets-ce que vous croyez que les animaux peuvent être jaloux et méchants, pas toujours aimables?

Comme je l'ai déjà dit, je crois que les animaux sont un groupe comme un autre et cela implique qu'il possède toutes les caractéristiques des groupes. C'est à dire que, à l'intérieur de ce groupe, on peut trouver des personnalités diverses et variées. Je pense qu'il y a des animaux naturellement méchants et jaloux et donc pas aimables, des animaux naturellement sympathiques, gentils et aimables. Je crois également que la personnalité de la personne qui adopte l'animal est très importante, je pense qu'un animal et son maître tendent à se ressembler au fil du temps. La réponse globalement est oui, je crois que les animaux peuvent être jaloux et méchants, pas toujours aimables mais naturellement et spontanément, je pense tout de même qu'ils le sont moins que nous autres humains.


On dit que le chien est le meilleur ami de l'homme. Est-ce que vous pensez que l'homme est le meilleur ami du chien? Pourquoi ou pourquoi pas?

C'est vrai qu'on dit que le chien est le meilleur ami de l'homme, qu'entend - on par ami exactement ? Si ami est utilisé dans le sens compagnon alors je réponds oui le chien est le meilleur ami de l'homme et l'homme est sans doute le meilleur ami du chien. Pourquoi? C'est simple: les seuls moyens de communiquer son para-verbaux, comme le ton, le rythme et le volume de la voix et surtout les mimiques et la gestuelle. Il y a aussi quelques mots que l'on croit pouvoir faire comprendre à l'animal mais ce n'est pas le plus important. L'homme quoiqu'il arrive dans la communication peut interpréter les messages qui lui sont émis de différentes manières, le chien également, les liens qui se tissent entre ces deux compagnons font qu'en général les interprétations de part et d'autre sont généralisées, sélectionnées et déformées de façon à rentrer en accord avec nos croyances, et surtout nos besoins du moment. C'est pour cela je crois, que la communication entre un chien et son compagnon humain semble si facile et si plaisante. Ceci dit je ne suis pas un spécialiste et je tout ce que je viens de dire n'est qu'une opinion.


Si vous étiez un chien, quel type de chien seriez-vous?

Si j'étais un chien, je crois que je serais un chien de berger. J'en vois souvent dans nos montagnes et je pense que c'est celui qui partage le plus de choses avec son maître. Même si souvent il dort dehors, que la vie est difficile et que ce n'est pas celui qui vit le plus dans la luxure, je pense sincèrement que c'est celui qui est le plus sage et qui connaît le plus de choses. Pour la race je crois que je serais comme mon deuxième chien un petit berger des Pyrénées.


Pensez-vous que la femme serait jalouse si le chien trouvait une petite amie?

Ce serait surtout une autre histoire. Je crois tout de même que si, dans le même contexte, le chien trouvait une petite amie, l'effet serait complètement différent. Dans cette histoire, en même temps nous sommes surpris de comprendre certaines choses et en plus nous sommes peinés pour le sort qui est réservé à l'animal. Les chiens attachés très fort à leur maîtres ressentent sans doute ce sentiment de grande solitude et peut-être même d'abandon lorsque une telle situation se présente.


Quelle est votre opinion sur le personnage féminin de cette nouvelle?

Le personnage féminin de cette nouvelle? Ecoutez, je le trouve normal, simplement elle vit des instants euphoriques, comme vous avez dû en vivre également, vous savez ces instants où l'on ne pense à rien d'autre qu'au temps qui passe et à profiter de ces bons moments? Seulement derrière il y a son compagnon, celui des moments de solitude, celui des passages plus difficiles, il est là et ne comprend pas toujours la différence qu'il y a entre un jour et l'autre. Dans cette nouvelle, je lui donne tout de même une grande intelligence, il est capable de se parler, de raisonner et somme toute de comprendre ou en tout cas de se faire une raison, je ne sais pas si un chien est capable de tout ça ou plus encore, qui sait? En tout cas des deux personnages le plus spécial et le plus étonnant, c'est tout de même lui. Le personnage féminin ne joue rien de plus que son rôle.


Les femmes doivent-elles rester à la maison ou travailler à l'extérieur?

Cette question me fait sourire... Elle mériterait qu'on en parle pendant des heures. Est-ce une jeune fille ou un jeune homme qui me la pose ? Ma réponse serait différente. Pas dans le fond mais en tout cas dans la forme. Les hommes et les femmes sont des êtres différents. J'aurais été une femme, je me serais battu pour faire reconnaître cette différence et non pas pour parvenir à une ressemblance, à une égalité contre nature. La différence est si belle, pourquoi ne pas la reconnaître. Moi j'aime la Femme, celle qui ressemble à une femme. Doit-elle rester à la maison ou bien travailler à l'extérieur, écoutez, elle fait ce qu'elle veut, ou plutôt ce que pour quoi elle pense être faite. Ni vous ni moi, ni personne d'ailleurs je crois, n'a le droit de lui dicter sa conduite. J'aimerais bien en reparler dès que j'en saurai un peu plus sur vous, vous êtes d'accord?


Pourquoi est-ce que vous avez choisi cette forme littéraire?

J'écris une nouvelle lorsqu'elle est complète dans ma tête, en tout cas pour ce qui est des idées principales et de la trame. Il me faut en général moins d'une heure pour la rédiger. C'est cette méthode qui me convient aujourd'hui le plus. Lorsqu'une de mes nouvelles me paraît plus intéressante que les autres, j'en fais par exemple un scénario de court métrage, comme l'Enfant derrière la porte que je ne suis pas encore arrivé à faire financer d'ailleurs, alors si votre université est tentée par ce genre d'expérience je suis preneur. En tout cas pour compléter ma réponse je ne désespère pas un jour de pouvoir faire un recueil de nouvelles et pourquoi pas un roman.


Est-ce que vous avez écrit cette nouvelle pour illustrer quelques traits humains ou exprimer vos opinions sur la condition humaine? Si oui, lesquel(le)s?

A vrai dire un de mes désirs les plus profonds est de découvrir des moyens d'être connu et reconnu, c'est un objectif que je poursuis tout en gardant une grande humilité. Alors j'explore de nouvelles possibilités pour cela et l'écriture en est une, la preuve en est l'expérience que nous vivons ensemble. A l'époque de cette nouvelle je suivais une formation en Programmation Neuro-Linguistique (PNL ou NLP Neuro-Linguistic Programming) et nous en étions au stade des métaphores, vous savez ces histoires que l'on raconte et qui font ensuite leur chemin dans notre inconscient. Chienne de vie est née de la collision, si je puis dire, de ces différents contextes. A chacun de tirer quelque chose de cette histoire. Mon seul objectif était de distraire, d'étonner et en même temps de faire réfléchir, y suis-je parvenu à votre avis?


Quand vous avez écrit cette histoire, est-ce que vous avez essayé d'être amusant? pensez-vous avoir écrit une histoire amusante?

Franchement non! comme je l'ai dit à la question précédente, mon seul objectif était de distraire, d'étonner et en même temps de faire réfléchir. Je pense que Chienne de vie peut faire sourire et même rire, non pas pour la situation ou les personnages, mais simplement parce que le lecteur s'est fait surprendre. D'un autre côté il est possible de trouver cette histoire amusante, pourquoi pas? Simplement l'objectif principal n'est pas de faire rire aux éclats.


Quelles réactions est-ce que les lecteurs vous ont données sur cette histoire?

Les lecteurs de mes nouvelles sont surtout des amis et des parents qui ont très certainement envie de me faire plaisir. Les réactions sont plutôt encourageantes. C'est pour cela qu'une expérience telle que je la vis avec vous est très enrichissante pour moi. Il serait d'ailleurs très intéressant que vous lisiez les autres textes et que vous me disiez sans complaisance ce que vous en pensez et quelles suggestions vous pourriez me faire.


Vous avez deux enfants, écrivez-vous des textes pour les enfants?

Non, je n'écris pas de textes pour les enfants, en tout cas pas encore. Je crois que je ne sais pas vraiment pour qui j'écris, c'est peut-être pour moi d'ailleurs. Je voulais ressentir ce que ressent un auteur, un créateur. J'aime à essayer des expériences multiples et variées. Je suis persuadé que nous sommes tous venus sur terre avec un ou plusieurs dons, certaines personnes trouvent leur chemin facilement et de manière évidente, pour d'autres c'est plus difficile et d'autres encore disparaissent sans avoir même découvert leur véritable mission. Je veux faire le maximum pour échapper à la dernière catégorie et comme je ne fais pas partie de la première, j'explore de multiples chemins, je recherche ce pour quoi j'ai été conçu.


Vos enfants aiment-ils vos histoires?

Mes enfants n'ont pas lu Chienne de vie, je ne crois pas qu'ils sachent même que leur père s'essaie à l'art littéraire. Peut-être un jour prochain, lorsqu'ils seront un peu plus grands, ils voudront savoir et ils voudront lire ce que j'ai pu écrire aujourd'hui. Disons que je les laisse découvrir par eux-mêmes la planète sur laquelle ils vivent et que ce qu'ils décident de faire, ils le font parce qu'ils l'ont eux-mêmes jugé opportun.


Les enfants ont des idées très intéressantes. Avez-vous jamais trouvé une idée pour vos textes dans une histoire que vos enfants vous ont racontée?

Non, pas encore, mais je crois que ça viendra car je trouve des idées dans tout ce que je fais. Par exemple hier soir nous discutions avec mon épouse de l'heure d'été et l'heure d'hiver. En France, je ne sais pas chez vous, nous avançons nos montres d'une heure l'été et nous la reculons d'une heure l'hiver. Tout ça parce que des têtes bien pensantes ont décidé que cela nous ferait économiser de l'énergie. Je crois qu'il y a en grattant un peu une bonne idée d'histoire là-dessous. Tout ce que nous pouvons faire dans une heure qui en compte deux et dans une heure qui n'existe pas... Alors le monde des enfants, à mon avis regorge d'idées de ce type... j'en parlerai avec eux et je vous tiens au courant de l'évolution.


Pourquoi est-ce que vous avez mis votre nouvelle sur Internet?

Je ne sais pas trop pourquoi... En fait j'avais envie que les gens puissent y avoir accès et puissent me dire ce qu'ils en pensent. J'ai besoin que l'on juge mon travail. En programmation Neuro-linguistique, on appelle ça le cadre de référence, je fonctionne plutôt sur un cadre de référence externe, c'est à dire que ce sont généralement les réactions que mon travail provoque chez les autres qui me disent si j'ai atteint mon objectif ou satisfait un critère.


Quelles réactions est-ce que vous recevez sur votre site personnel?

Concernant mes nouvelles, à part les vôtres, pas beaucoup, dommage! Par contre les gens aiment bien mon site pour son côté très personnel et la démarche développement personnel les intéresse également assez. Faites-moi de la publicité...


Quelle sorte de film aimez-vous?

J'aime bien les films dans lesquels les dialogues sont recherchés et desquels on peut retirer quelque chose, ne serait-ce qu'une idée. Je suis en général bon public, mais ce sont tout de même les films d'actions et d'aventures qui ont mes préférences. Je pense que l'on regarde un film pour y trouver un plaisir, celui des sens ou celui de la réflexion. Les films qui laissent une interrogation planer, ceux qui se dénouent dans les derniers instants ou enfin ceux qui comme Pulp Fiction sont un modèle de construction, tant au point de vue du scénario que du montage.


Qui a le plus de liberté d'expression, le metteur en scène de cinéma ou l'écrivain?

La liberté d'expression est aujourd'hui, tant dans la littérature que dans le cinéma très large, de mon point de vue. Je pense qu'un écrivain peut aller plus loin dans la précision des scènes qu'il décrit et le metteur en scène de son côté à le plaisir de pouvoir exciter davantage de sens. Le plus intéressant pour moi c'est lorsque un metteur en scène et un écrivain travaillent ensemble sur un projet de film. Je crois que c'est une collaboration très enrichissante pour les deux personnes et en même temps pour l'art cinématographique. La mise en scène ne s'improvise pas, l 'écriture et l'imagination non plus. Je pense vraiment que les meilleures réalisations cinématographiques sont issues d'une collaboration profonde entre un écrivain et un metteur en scène.


S'il vous plaît, expliquez-nous l'illustration que vous avez choisie pour Chienne de vie sur votre page WEB.

C'est une très bonne question et je crois que c'est une réponse inconsciente à la question: pourquoi une femme et pourquoi un chien et pas l'inverse? D'autre part la bête dans cette histoire est-elle vraiment celle que l'on croit. En fait c'est encore un clin d'oeil, un de plus. Qu'en pensez-vous, est-ce bien trouvé? Et puis n'est-ce pas un juste retour des choses? Je crois qu'il n'y a pas de raisons spéciales, ce sont toutes ces choses qui ont dû se percuter dans ma tête lorsque j'ai aperçu cette image.



Je tiens à vous remercier tous beaucoup de m'avoir donné l'occasion d'analyser un peu plus ce qui se cache derrière cette nouvelle. J'espère que vous prendrez du plaisir à consulter ces réponses, à en discuter entre vous. Je me tiens à votre entière disposition et je vous engage à me contacter régulièrement et ceci pour plusieurs raisons. D'abord parce que j'adore ce genre de collaboration, ensuite parce que j'aimerais bien vous connaître davantage et enfin parce que j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec vous et que j'aurai du mal à m'en passer maintenant. J'aimerais que vous m'envoyer un petit mot pour vous faire connaître davantage, peut-être même une photo de vous tous et qui sait? peut-être qu'un jour vous viendrez me rendre visite ou moi aussi.



Grosses bises à Lotus, Gabriel, Emily, Ana, Karen, Will, Jerry, Samira, Amy, Elizabeth, Hillary et Carole.
Beaucoup de soleil pour vous.

Jean-Michel Raffali
Ajaccio, le 23 septembre 1996.


Jean-Michel Raffali (Copyright © 1996)
Edition réalisée par Carole Netter



Site de Jean-Michel Raffali:
Chienne de vie, autres nouvelles et documents présentés par l'auteur
- Chienne de vie éditée par Editel (Québec)

Lotus Altman, Gabriel Cumming, Emily Kalovidouris, Ana Lazic, Karen Lloyd, Will Mackintosh Jerry Melichar, Samira Mehta, Amy Rhodes, Elizabeth Ryan, Hillary Thomsom


Publications de ClicNet - Littérature francophone virtuelle - Sommaire de ClicNet

ClicNet, octobre 1996
cnetter1@cc.swarthmore.edu