souffles
numéro 5, premier trimestre 1967

abdelkader lagtaa : poèmes
pp. 25-27


abdelkader lagtaa

né en 1948 à Casablanca. Études. Maintenant à Lodz pour le cinéma. 1964 publie quelque poèmes et articles dans des revues arabes notamment : Al Ahdaf, Al Moujahid, Attarik.



Un homme ma tête dans son cancer
s'enténèbre dans la scatologie de l'autre trottoir
poèmes à évider l'esseulement de phrase malade
cadavériser un mot qui s'est cassé dans ma face
cadavériser un mot dans une statue qui ne pisse plus
rue sans rumeur pour muser
venelle de poussière pour crever dans une méduse
une gueule qui écrouit sans écrouer
le factice de la ville pourrissoir qui sent l'anathème
fuse les cratères nonchalants de viscères
les pupilles d'une encre pour le goulot qui incarcère
la crinière fade des besaces-limaces
j'irradierai en moi un vers pulvérisé
qui a souffert la dégénérescence sidérale

Une fois on a essoré le dégoût viager de l'autre monde
et capté dans les urnes fatales un souffle caverneux
et je me suis éparpillé dans mes cils
à sentir le brûlé crispé dans le crachat de la paume
des gens qui votent pour pourrir le "chez soi" vicarial
pour murer la vicissitude dans l'exostime pornographique
certains ont déjà scalpé leur vérité dans le galop
pour mutiler le doigt gauche dans l'aversion
verbe qui vomit l'anxiété aride
verbe qui hurle l'antre livide
verbe d'un âge qui dérobe l'extorsion du paupérisme
verbe pédéraste
verbe qui achète un homosexuel pour son noël apatride
verbe qui se déplume les accents
verbe qui exhume la gencive d'une phrase enceinte
verbe qui étanche la sellette dans l'aveulissement exorciseur
verbe qui hante les obsessions de son verbe

Déchirer la marge dans les fesses d'un visage
pour capter le souffle qui affûte la dignité
dans le songe d'une apostasie prospère
une lampe se vide dans les nuances de certains doigts
à refaire les pages d'une nostalgie
le cigare pour se consumer dans l'iconoclaste
expurger l'exhalaison nomade de notre Folie...

 

II

Avec le monde
en gésine
pour le petit en deuil
coule la mare à délabrer
la douleur veuve

Laisser les verres se moucher
dans les aisselles des lèvres
pour ne pas rêver à chosifier
ce mot qu'on prononce pour les autres
qu'on enfile dans des pages autrement
autrement que chez les chatoiements mesquins
autrement que "Fatima la dormeuse, la nuit est longue"

avant la marge du plafond
et rimer jusqu'à cet oiseau qui traîne
dans la boue parallèle
à commencer par les majuscules en volant derrière
soumettre le front par oiseau traînard
et ne lire que pendant le livre aux feuilles à deux pages sans cassures de pas
pour la journée gelée ailleurs
et la porte se ferma dans un conte.



Page suivante
souffles: sommaire du premier trimestre 1967 ou sommaire général
Sommaire de ClicNet

souffles février 1998
cnetter1@swarthmore.edu
spear@lehman.cuny.edu