mohammed hamidi

souffles
numéro 5, premier trimestre 1967

poètes algériens
guy touati : pour et contre (fragments)
peinture : mohammed hamidi
pp. 32-33


guy touati

Brest 1944, où finit la terre. C'est faux... nous effacerons les chemins. Alger 1962, où tout recommence, avec des mots tout nus.


lacéré
tranché
fil aiguisé d'un souffle
strangulations du cri

il râle à fleur de peau
et tremble
il se traîne à reculons
sur le ventre

invertébrés sans tête
à la recherche d'un point
cardinal
pour fixer le monde
par les ongles
des pieds
et l'enfoncer
en lui
pour mieux le féconder

c'est l'heure
des cagoules maculées
où l'on entre à genoux
pour geindre en comités
des bribes de prières
alors qu'on sait si bien
qu'elles ne seront jamais exaucées

il avait osé croire que les eaux et les vents un jour
seraient domptés pour lutter contre les miasmes et les
poussières contre l'atome contre la crasse d'un monde brûlé
d'un sang séché
il faut vous dire c'est l'heure c'est toujours l'heure

c'est l'heure
de l'homme-allumette
l'unijambiste
qui souffre de la tête...



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