Camille Mondon
Le manguier
L'île de Cebu est le paradis des manguiers, mais l'arbre est cultivé un peu partout dans l'archipel philippin entre bananiers et cocotiers. C’est une production largement excédentaire et sans doute la plus importante au monde. De décembre à avril, les marchés regorgent du fruit local, petit et charnu, de couleur jaune citron. À la saison, la mangue est consommée fraîche à longueur de journée. Découpée en cubes ou passée à la centrifugeuse, elle est merveilleuse au petit déjeuner. On l'exporte sèche, taillée en fines tranches qui font les délices de tous les Asiatiques.
À l’occasion d'une balade dans le centre de Cebu, là où les manguiers s'accrochent aux pentes des collines, je découvre des arbres chargés de papillotes. J'apprends que si chaque fruit est habillé d'une poche de papier journal, c’est pour en accélérer la maturité. Pourquoi ce papier est-il chinois ? La réponse est inattendue : l'encre servant en Chine à l'impression des quotidiens est de bien meilleure qualité que celle qui imprime les journaux philippins. Ainsi le risque de voir la peau lisse du fruit tachée par l'encre noire avant la récolte est évité. Importation de vieux journaux contre exportation de mangues, le va-et-vient des cargos est incessant dans la mer de Chine. En voilà la vraie raison !