Mes chères jonquilles, montrez-vous.  Je vous revois par milliers baigner les champs de Haute-Loire.  La neige vient de fondre, l’eau ruisselle dans un pré ouvert en deux par une rigole enfouie sous de hautes herbes.  On descend de voiture.  Papa, tête ronde et rieuse, chapeau couvrant sa calvitie de toujours, sort avec nous, tout émoustillé, prend son élan en joli costume gris perle, enfonce sans retenue aucune ses chaussures cousues main dans les mottes gorgées d’eau, se baisse, cueille une, deux, trois, vingt jonquilles, rit d’aise, se relève une dernière fois, tend le bras vers nous en signe de victoire et glapit: “Le resto nous attend!”.  On remonte dans la Citroën noire, papa maman me font passer leurs bouquets que je dispose avec le mien en rang d’oignon sur la plage arrière.  Pas difficile le soir venu de repérer en ville quelles autos sont allées aux jonquilles.

Clic (juin 07)

 

Juin 2007