Après les glorieuses fatigues et les exploits victorieux de notre auguste monarque, il est bien juste que tous ceux qui se mêlent d'écrire travaillent ou à ses louanges, ou à son divertissement. C'est ce qu'ici l'on a voulu faire; et ce prologue est un essai des louanges de ce grand prince, qui donne entrée à la comédie du Malade imaginaire dont le projet a été fait pour le délasser de ses nobles travaux.
FLORE, PAN, CLIMENE, DAPHNE, TIRCIS. DORILAS, DEUX ZEPHYRS,
CLIMENE et DAPHNE
TIRCIS et DORILAS
TIRCIS
DORILAS
CLIMENE et DAPHNE
TIRCIS et DORILAS
TIRCIS
DORILAS
CLIMENE et DAPHNE
ENTREE DE BALLET
CLIMENE
DAPHNE
DORILAS
TOUS
FLORE
TOUS
ENTREE DE BALLET
FLORE
TOUS
PLORE
CLIMENE
DAPHNE
CLIMENE
DAPHNE
TIRCIS
DORILAS
TIRCIS et DORILAS
Les violons jouent un air pour animer les deux bergers au combat, tandis que Flore, comme juge, va se placer au pied d'un arbre qui est au milieu du théâtre, avec deux Zéphyrs, et que le reste, comme spectateurs, va occuper les deux côtés de la scène.
TIRCIS
ENTREE DE BALLET
DORILAS
ENTREE DE BALLET
TIRCIS
ENTREE DE BALLET
DORILAS
ENTREE DE BALLET
PAN
Pour chanter de LOUIS l'intrépide courage,
TOUS
FLORE, à Tircis et à Dorilas.
ENTREE DE BALLET
CLIMENE et DAPHNE, en leur donnant la main.
TIRCIS et DORILAS
FLORE et PAN
CLIMENE, DAPHNE, TIRCIS, DORILAS
PLORE et PAN
CHOEUR
DERNIERE ET GRANDE ENTREE DE BALLET
Le Malade imaginaire
PROLOGUE, 1673
EGLOGUE EN MUSIQUE ET EN DANSE
TROUPE DE BERGERES ET DE BERGERS.
FLORE
Quittez, quittez vos troupeaux;
Venez, bergers, venez, bergères;
Accourez, accourez sous ces tendres ormeaux:
Je viens vous annoncer des nouvelles bien chères,
Et réjouir tous ces hameaux.
Quittez, quittez vos troupeaux;
Venez, bergers, venez, bergères;
Accourez, accourez sous ces tendres ormeaux.
Berger, laissons là tes feux:
Voilà Flore qui nous appelle.
Mais au moins, dismoi, cruelle,
Si d'un peu d'amitié tu payeras mes voeux.
Si tu seras sensible à mon ardeur fidèle.
Voilà Flore qui nous appelle.
Ce n'est qu'un mot, un mot, un seul mot que je veux.
Languirai-je toujours dans ma peine mortelle?
Puis-je espérer qu'un jour tu me rendras heureux?
Voilà Flore qui nous appelle.
Toute la troupe des bergers et des bergères va se placer autour de Flore.
Quelle nouvelle parmi nous,
Déesse, doit jeter tant de réjouissance?
Nous brûlons d'apprendre de vous
Cette nouvelle d'importance.
D'ardeur nous en soupirons tous.
Nous en mourons d'impatience.
La voici; silence, silence!
Vos voeux sont exaucés, LOUIS est de retour;
Il ramène en ces lieux les plaisirs et l'amour,
Et vous voyez finir vos mortelles alarmes.
Par ses vastes exploits son bras voit tout soumis;
Il quitte les armes
Faute d'ennemis.
Ah! quelle douce nouvelle!
Qu'elle est grande! qu'elle est belle!
Que de plaisirs! que de ris! que de jeux!
Que de succès heureux!
Et que le ciel a bien rempli nos voeux!
Ah! quelle douce nouvelle!
Qu'elle est grande! qu'elle est belle!
Tous les bergers et bergères expriment par des danses les transports de leur joie.
De vos flûtes bocagères
Réveillez les plus beaux sons;
LOUIS offre à vos chansons
La plus belle des matières.
Après cent combats,
Où cueille son bras
Une ample victoire,
Formez entre vous
Cent combats plus doux
Pour chanter sa gloire.
Formons entre nous
Cent combats plus doux
Pour chanter sa gloire.
Mon jeune amant, dans ce bois,
Des présents de mon empire
Prépare un prix à la voix
Qui saura le mieux nous dire
Les vertus et les exploits
Du plus auguste des rois.
Si Tircis a l'avantage,
Si Dorilas est vainqueur,
A le chérir je m'engage.
Je me donne à son ardeur.
O trop chère espérance!
O mot plein de douceur!
Plus beau sujet, plus belle récompense
Peuvent-ils animer un coeur?
Quand la neige fondue enfle un torrent fameux,
Contre l'effort soudain de ses flots écumeux,
Il n'est rien d'assez solide
Digues, châteaux, villes et bois,
Hommes et troupeaux à la fois,
Tout cède au courant qui le guide.
Tel, et plus fier et plus rapide,
Marche LOUIS dans ses exploits.
Les bergers et bergères du côté de Tircis dansent autour de lui, sur une ritournelle,
pour exprimer leurs applaudissements.
Le foudre menaçant qui perce avec fureur
L'affreuse obscurité de la nue enflammée
Fait, d'épouvante et d'horreur,
Trembler le plus ferme coeur;
Mais, à la tête d'une armée,
LOUIS jette plus de terreur.
Les bergers et bergères du côté de Dorilas font de même que les autres.
Des fabuleux exploits que la Grèce a chantés
Par un brillant amas de belles vérités
Nous voyons la gloire effacée;
Et tous ces fameux demi-dieux,
Que vante l'histoire passée,
Ne sont point à notre pensée
Ce que LOUIS est à nos yeux.
Les bergers et bergères de son côté font encore la même chose.
LOUIS fait à nos temps, par ses faits inouïs,
Croire tous les beaux faits que nous chante l'histoire
Des siècles évanouis;
Mais nos neveux, dans leur gloire,
N'auront rien qui fasse croire
Tous les beaux faits de LOUIS.
Les bergères de son côté font encore de même, après quoi les deux parties se mêlent.
Laissez, laissez, bergers, ce dessein téméraire.
Eh! que voulezvous faire?
Chanter sur vos chalumeaux
Ce qu'Apollon sur sa lyre,
Avec ses chants les plus beaux,
N'entreprendrait pas de dire?
C'est donner trop d'essor au feu qui vous inspire;
C'est monter vers les cieux sur des ailes de cire
Pour tomber dans le fond des eaux.
Il n'est point d'assez docte voix,
Point de mots assez grands pour en tracer l'image;
Le silence est le langage
Qui doit louer ses exploits.
Consacrez d'autres soins à sa pleine victoire;
Vos louanges n'ont rien qui flatte ses désirs:
Laissez, laissez là sa gloire,
Ne songez qu'à ses plaisirs.
Laissons, laissons là sa gloire,
Ne songeons qu'à ses plaisirs.
Bien que, pour étaler ses vertus immortelles,
La force manque à vos esprits,
Ne laissez pas tous deux de recevoir le prix,
Dans les choses grandes et belles,
Il suffit d'avoir entrepris.
Les deux Zéphyrs dansent avec deux couronnes de fleurs à la main,
qu'ils viennent donner ensuite aux deux bergers.
Dans les choses grandes et belles,
Il suffit d'avoir entrepris.
Ah! que d'un doux succès notre audace est suivie!
Ce qu'on fait pour LOUIS, on ne le perd jamais.
Au soin de ses plaisirs donnons-nous désormais.
Heureux, heureux qui peut lui consacrer sa vie!
Joignons tous dans ces bois
Nos flûtes et nos voix:
Ce jour nous y convie
Et faisons aux échos redire mille fois:
"LOUIS est le plus grand des rois;
Heureux, heureux qui peut lui consacrer sa vie!"
Faunes, bergers et bergères, tous se mêlent, et il se fait entre eux des jeux de danse;
après quoi ils se vont préparer pour la comédie.