Gertrude Millaire
Chut!... Et que ça saute
La porte s'ouvre
bouffée de peur vive
mon sang se glace
empoignée aux cadres métalliques
l'air m'aspire
un pas, juste un pas...
le vent me nargue
mon pied glisse
quelle résistance!
rencontre du marchepied
déséquilibre momentané
la main agrippe la barre
chassé-croisé du vide
l'autre l'a rejoint
le corps flotte au vent
un dernier regard
j'avale ma peur
l'oiseau d'acier m'échappe
le dos se cambre
le coeur bondit
mille et un, mille et deux
coup d'oeil à la voilure
deux petits soleils oranges
au-dessus de ma tête
que je serre dans mes mains
et ramène vers moi
liberté, liberté je te touche
je voltige entre ciel et terre
solitude étrange
une voix me rejoint
virage à gauche
puis le silence...
ce silence, mon seul allié
l'euphorie m'emporte
le vent me pousse
je flotte, je flotte
halte-là! Haute Tension à éviter
autoroute à dépasser
léger virage
nez dans le vent
le sol se rapproche
je freine, je freine
mes pieds effleurent le sol
génuflexion à la terre
le parachute se couche
loin de l'aéroport
dans le silence
je jubile
saute de joie
ramasse le tout
et en route vers la civilisation
on s'inquiète peut-être
à tort...
l'ivresse me gagne
quel émerveillement!
quelle douce folie!
Du courage! Non Madame!
Juste un peu de douce folie...
Août 1997
Texte de Gertrude Millaire (Copyright © 1997)
Edition et dessin de Carole Netter