Michel Deverge

Menues chroniques d'un séjour en Thaïlande (1989-1992) (5)


Bangkok est le pilier, l'âme et le centre du pays mais elle n'est pas toute la Thaïlande, même si elle se prépare à rassembler vers la fin du siècle peut-être le cinquième de sa population. Comme la capitale, le royaume offre les visages d'une prodigieuse variété, d'un sud équatorial et musulman aux montagnes d'un nord tribal et quelquefois frisquet, du riche ouest des confins birmans à l'aridité cruelle des plateaux de l'est. Une vraie leçon de géographie!

Hemdé profitait libéralement du goût prononcé des thaïlandais pour les voyages et visitait avec enthousiasme le pays au motif très légitime des séminaires, symposiums, stages et réunions éparpillés aux quatre coins du Muang Thaï, car tel était le nom du pays thaï depuis les temps anciens. Les quatre coins étaient souvent les plus éloignés car c'était un devoir pour tous que chacun allât partout, visitât tout et s'imprégnât de la diversité du Muang Thaï. C'était aussi, et peut-être avant toute chose, un immense plaisir de se déplacer ensemble, dans un groupe connu et constitué. L'excursion [paj-thiaw] est un des sports nationaux thaïlandais. Qui n'a vu les lourds autobus bariolés chargés des élites villageoises [bonzes sur les sièges avant] ou de l'encadrement d'une compagnie sillonner à haute vitesse les routes du royaume à destination de temples lointains où s'acquièrent des mérites exceptionnels [tham bun] aptes à fortifier les karma les plus défaillants.

Hemdé participait à de telles entreprises, d'ailleurs plus tournées vers le tourisme que vers la religion.

La distance n'a pas vraiment d'importance et l'arrière du car est transformé en restaurant-buvette [boissons glacées et petites nourritures solides] garni pour faire face aux plus dures équipées car [règle numéro un] on ne cessera de s'alimenter entre les repas. Ceux-là se prennent de bonne heure [11h et 17h] en des lieux soigneusement choisis à l'avance, au marché de la petite ville où la nouille, multiforme et omniprésente, assure la satiété, la variété et l'économie, au restaurant désigné par la renommée ou le paysage. Aux endroits marqués des étoiles adéquates, le chef du groupe, imparable et autoritaire, donne [règle numéro deux] le minutage exact de la visite. Trente-cinq minutes et pas une de plus pour une photo de groupe [devant le bouddha et si possible en le cachant], les photos individuelles [la mitraillette à Nicéphore], une petite prière, voire une rapide bénédiction si un bonze est de service, la chasse au lapin [pipi pour les hommes], la cueillette des fleurs [idem pour les dames], l'achat obligatoire de l'inévitable spécialité gastronomique locale, et quand même, mais vite bien fait, la visite des lieux. Entre les escales, les amuse-gueules, les boissons toujours fraîches [la glace est régulièrement renouvelée], un tissu de bavardages mezzo voce entrecoupé de petites siestes réparatrices. On le devine, la nourriture et le somme jouent tout au long du paj-thiaw un rôle de premier plan.

Sur une des îles inviolées de la baie de Krabi, au bord d'un lagon primaire léché par une forêt de même nature, onze heures, l'heure de l'estomac: de la mer admirablement azur surgit la pirogue à moteur rapide porteuse de la bière glacée, du riz frit et du poulet rôti. De la forêt vierge sort un petit tracteur portant un gigantesque chaudron de soupe bouillante et son frère rempli de coquillages à la vapeur. Rassemblement à l'ombre des cocotiers, silence avide des mastications mystiques, rôts de la reconnaissance et repetite sieste, mouchoir sur les yeux; départ vers la prochaine attraction après, enfin, une baignade sommaire.

Sur la route, on fonce dans le métastable, le klaxon bloqué et la queue de poisson élevée au rang de la méthode: l'aide-chauffeur, une fesse sur le strapontin, le corps tout à l'extérieur du bus, mouline des bras comme un Chappe ésotérique, et guide le chauffeur au mépris des plus petits véhicules. La conduite à deux [l'oeil et la main] requiert de solides qualités de détachement et de recul sur l'événement de la part des passagers et un oeil dans la nuque de celle des cyclistes doublés au millimètre. Au retour, le groupe se sépare, silencieux et ravi. C'était une journée de plaisir. C'était "sanuk".

Une intéressante variété de l'excursion est la version officielle, patronnée et accompagnée par une haute personnalité dont le but est essentiellement culturel et éducatif. Si le patron est un membre de la famille royale, l'appareil de sécurité déployé [la protection est continue tout au long de la route, et les forces de sécurité tournent le dos au cortège pour reprendre une ancienne marque de respect], le zèle des autorités provinciales, le concours des larges masses, la qualité et la précision des activités donnent à l'entreprise l'aspect de quelque visite impériale aux frontières du domaine, ce qu'elle est en vérité. De celui-ci on expose avec exhaustivité les fouilles archéologiques et les monuments qui font la grandeur de l'histoire siamoise et entretiennent un nationalisme toujours renouvelé. Les guides, savants et discrets, n'épargnent rien, et aucune pierre ne résiste à leur savoir encyclopédique. Ce ne sont plus des visites touristiques mais de doctes leçons ambulantes. A la limite, ce n'est plus une excursion en Thaïlande mais un voyage dans la Thaïlande telle que se donnent à la voir les Thaïlandais.

Fort heureusement, Hemdé avait aussi l'occasion de voyager en des appareils moins voyants et moins encombrants, où l'initiative personnelle était mieux préservée et le contact avec les choses et les gens moins fugitif. Il ramenait de ces escapades des cartes postales qui, malgré l'étendue et la célébrité des côtes, n'étaient pas toujours marines.

En effet, s'il tolérait les adeptes du culte solaire, il n'en fréquentait guère les autels et y sacrifiait rarement. Il voyait dans la beauté immuable des mers tropicales la semence d'une tristesse et appréciait le soleil parce qu'il permettait de se mettre à l'ombre. Il préférait l'eau immaculée des piscines et goûtait plus les sables blancs de la véranda d'un hôtel climatisé que dans l'inconfort d'un caleçon de bain mouillé. Bien sûr, les nécessités de la vie, les contingences familiales ou amicales voire les trompettes de la renommée l'amenaient à séjourner, brièvement si possible, sur les rivages mordorés et céruléens du royaume [comme disait une agence de voyages lettrée] que la déferlante touristique et la pollution n'avaient pas encore détruits.

Parmi ceux-là, les pourtours et les contours des anses entre Phuket et Krabi, dans la mer d'Andaman, soulevaient en lui, il se l'avouait, une émotion certaine.

Phuket est peut-être mangée par le tourisme mais la baie de Phangnga reste cependant, absolument, miraculeusement encore, épargnée. Elle offre l'inouï spectacle d'un matin du monde originel que nul prédateur n'est venu mettre à mal. Les tours de calcaire surmontées d'une chevelure végétale tombent dans la mer plate avec des chutes de rein géologiques exemplaires. Au pied des falaises, certains passages tourmentés donnent accès à des lacs intérieurs nichés au creux des tours et bordées de plages minuscules et éclatantes. Au temps du midi, quand la lumière est trop verticale pour se réfléchir sur l'eau, cette dernière disparaît presque tant elle est cristalline et la barque solitaire du visiteur semble flotter ni sur l'eau ni dans l'air.

Au retour, le soir, à Patong, Phangnga n'est plus qu'un rêve dont les lambeaux sont vite chassés par le néon, la bouffe et le commerce de l'homo turistus; la satisfaction des besoins club-méditerranéens a grignoté jusqu'à l'effacer la vieille rizière côtière. La plage elle-même est simplement devenue celle d'un soir du monde des pollueurs, sans matin autre que celui des balayeurs et ramasseurs de déchets.

Ceux-là occupent définitivement Patthaya, sur le golfe de Thaïlande. La perle immaculée, la station inconnue mais à la mode pour les élites riches et aventureuses des années soixante, le village de pêcheurs de l'innocence est devenu l'archi-exemple de toutes les pollutions. Hemdé n'avait rien retrouvé des charmes entrevus quelques vingt ans auparavant. La mer est toujours azurée mais empoisonnée par les égouts des hôtels [plus d'une centaine assurément] qui s'y déversent librement. La folie foncière couvre la baie sur toute son épaisseur de monstruosités en béton sans ordre, grandeur ou charme. Dans les interstices de la lèpre foisonne un petit commerce dont seuls les lampions du soir arrivent, avec quelques bonnes bières derrière la cravate, à cacher l'artificiel et la laideur agressive. La ville, car ç'en est devenue une, tourne de plus en plus le dos à ce qui a fait sa fortune originelle, la mer et sa baie. Hormis quelques rares enclaves privilégiées, elle tombe dans une vulgarité épaisse, bruyante, loin de la Thaïlande qu'Hemdé aimait. Elle n'en reste pas moins, par certains cotés, moins banale qu'elle paraît.

A Patthaya, ce n'est pas l'architecture raffinée de l'hôtel Royal Cliff sur son site hors du commun qui frappe, non plus que l'intensité des commerces charnels du Golden Mile dont la densité est olympique. Non, c'est la fonction hospitalière, au sens premier et propre du terme, qui apparaît, avec quelque irénisme il faut l'avouer. Des messieurs âgés, caucasiens et anglo-saxons pour beaucoup, dûment munis d'un déficit de tendresse et d'un léger excédent de devises, des filles jeunes [encore que ?] non moins pourvues des qualités inverses et donc complémentaires naît une réunion qui, si elle n'est pas forcément esthétique, reste peut-être morale. Un peu-beaucoup de tendresse coûte beaucoup-un peu d'argent et le mariage, éphémère dans sa brièveté, est émouvant. Et le soir sur le front de mer, les veufs, les laids, les déçus, les retraités au petit pied, petit talent et petite pension se promènent la main dans la main, heureux [et quel prix à cela?] avec des jeunes femmes que les illuminations du soir embellissent; elles leur consacrent fugitivement, mais avec intensité, ce qui leur manque à l'évidence le plus, la construction d'un ultime rêve, la restauration d'une dignité dernière avec un soin et une tendresse qui, tout stipendiés qu'ils soient, valent les injustes solitudes du troisième âge dans les banlieues de Hambourg ou de Sydney. A ce titre, Patthaya la dissipée est un lieu géométrique équidistant de vies différentes, et ses égéries de simples infirmières justement salariées. Il n'y a plus de honte mais des nécessités de l'ordre de l'économique, et un bel et bon service rendu et rétribué. Quoi de moins immoral en des terres écartées du péché originel, où, si le péché existe, il n'en est de pire que d'être à la charge de sa famille ou de son groupe.

Hemdé tenait des sources de sagesse conventionnelle que bon nombre des égéries contribuant à la gloire de Patthaya venaient des provinces de l'Est et du Nord-est, de l'I-sâan, dont la pauvreté chronique, la géographie disgraciée et la surpopulation poussaient les habitants à l'expatriation intérieure et extérieure au pays. Il est vrai qu'à quelques centaines de kilomètres de distance, le contraste avec les grasses et opulentes plaines du centre a quelque chose de cruel et d'injuste comme une punition aveugle. Hemdé séjournait régulièrement en I-sâan, pour des raisons professionnelles, cela va sans dire, car il n'avait pas de goût immodéré pour l'anthropologie du dénuement.

Le canton de Na-Dun [le plus pauvre de la province la plus pauvre de la Thaïlande du Nord-est], ressemble comme un triste frère à tous les cantons du plateau de Korat. C'est en été [mars-avril], quand il fait quarante-deux degrés à l'ombre et que l'ombre est rare, qu'apparaît le plus évidemment sa nature pathétique: sécheresse extrême, craquelures du sol poussiéreux, rizières avalées par l'herbe brûlée, palmiers à sucre épars et tristes comme des marabouts, villages gris, mares taries, attente de la pluie lointaine encore. ... Sur les centaines de kilomètres d'un excellent bitume le long duquel courent l'électricité et le téléphone et stationnent police et infirmeries, défilent des Na-Dun sans nombre, obsédants d'uniformité, d'ennui et de mélancolie. L'état a quadrillé sa modernité sur les terres ingrates qu'il ne peut transformer non plus qu'y faire pleuvoir. Restent seules, d'un passé glorieux, les ruines impressionnantes des monuments khmers et les traces inaltérables de leurs aménagements hydrauliques. NaDun est aussi terre d'émigration vers de plus riches terroirs, le golfe, Singapour, Bangkok, pour sûr, et nombre de maisonnées sont à la charge des mères de famille.

Les femmes se protègent et protègent les foyers en dressant aux portes des pauvres habitations de gros phallus érigés en bois. Compter les phallus, c'est compter les absents et mesurer l'émigration et la pauvreté. De ces dernières, les traces étaient tristement visibles, cruelles, défigurantes et ramenaient toujours Hemdé, par quelque détour ironique, aux cercles qu'il fréquentait dans la capitale et qui souvent s'occupaient avec ardeur du développement du pays. Agences, ministères, palais, organisations non gouvernementales menaient en effet une sévère chasse aux projets de développement qui occupaient un espace important dans les médias locaux et qui témoignaient aussi de l'extrême habileté diplomatique des Thaï. On ne pouvait en effet les accuser de manquer de projets [il y en avait pour tous et pour tous les goûts] qui, raffinement suprême, mettaient les bailleurs occidentaux en concurrence pour faire des dons. La Thaïlande était ainsi devenue un des grands récipiendaires de l'aide [hors Banque Mondiale, s'entend, car elle était déjà trop riche pour cela] et un des bons élèves de la classe des PVD. Hemdé se demandait si ces talents à retenir l'aide ne venait pas de la longue tradition caritative que les élites du pays pratiquaient depuis longtemps.

L'activité caritative est, en Thaïlande, grosse, très grosse affaire. Elle se pratique d'une manière professionnelle, industrielle et massive, largement à l'initiative de la famille royale ou avec son patronage; elle touche toutes les causes méritantes et n'épargne aucune poche de quelque fortune ou importance. Son chiffre d'affaires est tel qu'on y verrait aisément la forme déguisée d'un impôt dans un pays où celui sur le revenu est d'un rendement faible, aléatoire et pratiquement négociable. La Croix Rouge, les projets royaux, les fondations du Palais, les campagnes nationales bénéficient ainsi d'une manne toujours renouvelée qui, rapportée au PIB, en font des entreprises de poids.

On cite, comme un exemple [extrême certes], telle vente royale de céramiques [sans doute tournées en d'augustes mains] où de modestes pièces se vendirent un million de francs.....devant la reine. Ceci explique cela, car les dames patronnesses de cette puissante machine sont généralement des dames nommées, au terme d'une longue et généreuse carrière caritative, dans les deux ordres civils de noblesse féminins [les ordres masculins ont été supprimés en 1932] : les Thampuying, correspondant au grade de Chevalier Grand Commandeur de la deuxième classe, grade supérieur, du Très Illustre ordre de Chula Chomklao et les Khunying, correspondant à la quatrième classe du même ordre. La charité bien ordonnée et richement dotée est ainsi une des voies efficaces vers les honneurs.

La scène est immuable: dans les salons particuliers d'un très grand hôtel, un dîner réunit ceux et celles que d'antérieures négociations ont amené à s'intéresser au projet. La Thampuying ou la Khunying, d'âge peu incertain, strictement vêtue de la soie royale [mudmee] éclairée de lourds diamants préside avec l'onction, la distinction et les chuchotis qui siéent au titre et, en général, à l'extraction, car, ici comme ailleurs, les grandes familles savent se reproduire avec agilité. Autour de la table, des fonctionnaires introduits et ambitieux, les organisateurs, les patrons et les sponsors sont savamment distribués. Parmi ceux-là, il y a toujours une jeune et jolie sino-thaïe, aux diamants plus modestes, au mari silencieux mais milliardaire, qui se lance dans la carrière caritative. Celle-là coûte cher, très cher, et après des années d'empilement de ses millions et de ceux des autres sur les nobles causes, la tenue de soie mudmee remplacera le tailleur occidental, les diamants auront grossi et la jeune femme, vieillie et dignifiée, recevra son premier brevet comme un encouragement à continuer la lutte et les combats de la bonté et à atteindre le statut exalté de Thampuying.

Et les bonnes causes ne manquent pas; elles seraient même surabondantes, car la charité bouddhique ne s'y intéresse guère étant moins un acte vers l'autre et une compassion qu'une existentielle recherche d'indulgences à négocier contre l'aléa des réincarnations futures.

Alors, bien sûr, de cette fenêtre proprement non chrétienne il faut lire les signes avec discernement; la gentillesse profonde peut habiller la plus totale indifférence à autrui, le sourire peut habiter les cruautés les plus inconscientes et la convivialité, si obligatoire, héberger des égoïsmes monstrueux. Cette incapacité du bouddhisme personnel et salutaire à ordonner une charité de l'ordre d'un opérateur social s'inscrit méchamment dans le paysage du royaume, où les prospérités présentes et, n'en doutons pas, à venir - s'appuient en partie sur des déséquilibres sociaux, économiques et culturels à faire pleurer l'Occident.

Cohabitent en effet avec les valeurs thaï dites traditionnelles, bien exposées au spectacle, réaffirmées dans l'éducation et surtout dans les images projetées [valeurs réelles certes, et des plus belles eaux morales] les horribles blessures de l'indifférence: le sous-développement campagnard de certaines régions, l'exploitation forcenée d'un prolétariat déplacé, une prostitution omniprésente, une corruption apparemment si massive qu'elle justifie les coups d'état [qui ne la suppriment pas], la drogue, le jeu, le pillage du patrimoine national naturel et celui des voisins dans la foulée. Ce n'est pas là, à l'évidence, seulement un déséquilibre, mais mode d'une vie où la notion d'incompatibilité n'a pas cours, puisque les rapports au prochain sont guidés par l'étiquette et non par l'altruisme. Tel patron archicriminel d'un grand gang de malfaisance est connu pour sa générosité. Tel luminaire de l'armée ou de l'université est connu pour la part prépondérante des activités noires dans ses revenus. Peu importe, les contraires ne s'excluent pas, ils cohabitent et on se retrouvera au temps de la réincarnation, car telle est la balance du karma; celui qui tue beaucoup peut parallèlement acquérir des mérites en plus grand nombre et renverser un bilan désastreux. La Thaïlande chemine ainsi avec assurance sur ces deux voies qui se rencontrent et se mélangent sans pouvoir se distinguer, car le péché, inexistant, ne nourrit pas le remords: il est surtout, au pire, une erreur de comptabilité bouddhique. Dans ce paysage, tout est également nécessaire, et la Thampuying à la charité fervente et omnidirectionnelle pourra voir son mari épinglé par les journaux dans d'horribles et compliquées chroniques crapuleuses sans que ses activités propres en soient altérées.

Voilà pourquoi le pays fascine si fort les étrangers qui ont grand peine à s'y retrouver et préfèrent les certitudes du modèle officiel, où tout le monde est beau et gentil. C'est certainement vrai, mais il serait dangereux de s'en tenir là tant le sourire vide des bouddhas de compassion cache de terribles grimaces. De celles là, la Thaïlande est instruite car elle les vit, elle les voit, elle en souffre, mais ce qui est, est, et est transitoire et dissous dans l'immensité karmatique. Ce n'est raison pour agir que pour une minorité, encore.

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30 juin 1997
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