souffles
numéro 2, deuxième trimestre 1966dossier cinéma: pour un cinéma national
illustration : mohammed chebaa
p. 20
Le Dossier Cinéma que nous présentons ici à nos lecteurs n'est ni un bilan, ni un essai d'analyse aboutie. Il ne peut valoir qu'en tant que témoignage des préoccupations et revendications d'un groupe de jeunes cinéastes marocains. Témoignage d'une prise de conscience des problèmes qui se posent à eux dans la pratique de leur métier et dans l'usage personnel de leur moyen d'expression artistique. Quelques années d'expériences concrètes et souvent douloureuses ont suffi pour que ces cinéastes démontent les mécanismes qui ont abouti, dans le domaine du cinéma au Maroc, à une impasse. Si la contrainte culturelle, l'asservissement idéologique, l'orientation et les options économiques du pays expliquent en grande partie l'impossibilité pour un cinéma national authentique de démarrer à l'heure actuelle, ces cinéastes ne s'arrêtent pas à ces causes pour justifier leur désoeuvrement et la stérilité presque générale de la production actuelle. Ils ont le courage de retracer l'itinéraire de leurs tâtonnements, de faire déjà leur auto-critique et de poser les jalons qui, à long terme, permettraient l'épanouissement d'oeuvres représentatives et de leur talent et des réalités que nous vivons.
Ce dossier n'a donc pas la prétention de régler un problème très ardu et demandant malgré tout un certain recul pour son appréciation. Il ouvre un débat, oppose à l'inertie actuelle une lucidité active et met, en définitive, les cinéastes, le public, les personnes et organismes qui s'occupent de cinéma dans notre pays, devant leurs responsabilités.
Souffles