À Nancy, le cimetière du Sud, carré militaire, carré des « Petites servantes du cœur de Jésus », carré musulman. Le sergent Blandan, de Boufarik à Nancy. Le Kennedy-Eiffel, café-tabac-loto-journaux à Passy. Les Juifs dans l’orientalisme, au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris. Lucien Igor Suleïman à la Gonterie. Portraits de Sébastien Pignon.
5 avril
À Nancy, avec Annabelle Saffroy et Anne Charroy, je vais au cimetière du Sud pour le carré musulman et le carré militaire.
Plan du cimetière
Dans le carré militaire, plusieurs tombes musulmanes qui ne correspondent pas aux années de guerre. Il devait y avoir un hôpital militaire comme à Dijon. Dans un carré séparé, des stèles de l’armée des Indes « Indian Army 1939-1945 ». Un monument pour le sergent Blandan (originaire de Nancy), 26e RI – 1819-1842. « Mort pour la France à Beni-Mered » en Algérie. « Le sergent Blandan, Jean-Pierre Hippolyte est mortellement blessé au combat le 11 avril 1842 » dit la plaque au-dessous de sa statue place du Sergent Blandan « À leur glorieux compatriote ». La rue Blandan conduit jusqu’à la place de sa statue. Alain Amato, dans son livre Monuments en exil (1979) a recensé les monuments de l’Algérie coloniale déplacés en France après l’indépendance. La statue du sergent Blandan était domiciliée à Boufarik.
Nancy, cimetière du Sud et Place du sergent Blandan (5 avril 2012) (coll. part.)
Dans le cimetière, un carré comme celui des religieuses de Château-Lévêque en Dordogne « Petites servantes du cœur de Jésus », Marguerite, Élisabeth, Margherita, Anne-Catherine, Concetta, Marguerite, Marie-Thérèse, Simone. Le carré musulman occupe une partie du cimetière agrandi. Plusieurs tombes de jeunes enfants dont une « Shérazade » le même prénom, la même orthographe que ma Shérazade, 17 ans, brune, frisée, les yeux verts (Bleu autour, 2010), ma Shérazade de fiction n’est pas encore morte. A-t-elle pensé à sa mort et à sa sépulture ?
Nancy, carré musulman (5 avril 2012) (coll. part.)
Je n’ai pas vu les tableaux de Lisinka Poirel qui a voyagé en Algérie, originaire de Nancy, dans Voyage en Algéries autour de ma chambre, plusieurs reproductions de son Album d’Afrique. Le musée des Beaux-Arts était en travaux. Elle a souvent peint les Juifs d’Algérie.
13 avril
Combien de fois j’ai fait ce trajet en métro, depuis Glacière jusqu’à Passy, pour aller à la Maison de la Radio, m’arrêtant au café-tabac-loto en bas des escaliers, pour prendre un express serré et lire la presse… Aujourd’hui une famille chinoise tient le café, comme dans Paris de nombreux cafés-tabac-loto-journaux que les Auvergnats ont abandonnés. Sur le mur du comptoir, la même ardoise, le même texte, les mêmes dessins du patron et du client, la même ponctuation :
« Toi vouloir crédit ?
Moi pas vouloir !!
Toi pas content ?
Moi OK pour crédit !!
Toi pas payer crédit !!
Alors moi préfère toi
pas content !! »
La direction
Le seul changement, pour sandwichs, le patron chinois a préféré l’expression française que les Français, dans leur ensemble n’utilisent plus : casse-croûte.
Le café s’appelle Kennedy-Eiffel. Il se trouve Quai Kennedy et la tour Eiffel n’est pas loin.
21 avril
Une affiche publicitaire, rue Vergniaud :
« En 2012 soyez révolutionnaire
Votez VICO le roi de l’APÉRO »
Élections présidentielles, premier tour le 22 avril.
Fin avril
Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme, une exposition « Les Juifs dans l’orientalisme ». Je retrouve les tableaux que j’aime de Delacroix et Chassériau, l’un au Maroc, l’autre en Algérie. La Jérusalem de David Roberts, Abraham de Horace Vernet. Je découvre des peintres juifs, Eduard Bendemann, Henri-Leopold Lévy, Maurycy Gottlieb… La Bible, l’Orient des orientalistes, l’Orient juif, l’Orient contemporain. Une belle exposition où vivent les Juifs d’Orient. On ne les a pas vus si souvent à travers les expositions de ces dernières années.
De septembre 2012 à janvier 2013, dans le même musée, Juifs d’Algérie. Corinne Bacharach, chargée de la communication, prévoit pour le 13 septembre 2012, une rencontre autour du livre collectif Une enfance juive en Méditerranée musulmane, années 1930-1960 (ed. Bleu autour, 2012) où 34 auteurs, du Maroc à la Turquie ont écrit un récit d’enfance inédit. Des photos d’enfance des auteurs figurent dans le livre, émouvantes, éloquentes (photos de classe, de famille, de studios…). Je voudrais entendre des chants judéo-arabes, arabo-andalous, des musiques du film El gusto. Ce sera possible, peut-être.
À la Gonterie, Lucien Igor Suleïman.
Dessins de Sébastien Pignon.