Leïla Sebbar, Une enfance corse, Bleu autour, 2010. Vingt-trois auteurs nés de familles de Corse, du continent ou du Maghreb racontent leur enfance corse. Ajaccio, Bastia, Corte, L’Île-Rousse, Porto-Vecchio… Et le village, u paese : Aleria, Arca, Barrettali, Bocognano, Fozzano, Lozzi, Olmo, Ortale, Petreto-Bicchisano, San Gavino di Carbini, San Nicolao, Sisco, Tavera… La Corse marine ou montagneuse, convoitée ou aus tère, chaleureuse, fragile : une île, dont voici la mémoire vivante, des années 1930 à aujourd’hui.
Auteurs EAN : 978-2-3584-8014-7
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Passage de la préface de Jean-Pierre Castellani et Leïla Sebbar Nous et la Corse, nous qui avons imaginé ce livre ? L'un est corse par les père et mère ; né à Ajaccio, élevé en Algérie, il vit entre la France et la Corse ; la langue corse ne lui est pas étrangère. L'autre n'est corse ni par le père ni par la mère ; née en Algérie, elle vit en France ; la Corse ne lui est pas inconnue. L'un et l'autre méditerranéens, exilés sans nostalgie convenue, exilés d'un monde perdu et du pays de l'enfance algérienne, emportés dans la tourmente d'une inévitable et douloureuse guerre. Ils se retrouvent à travers les singularités corses des enfances racontées par vingt-trois auteurs (depuis les années 1930 jusqu'à aujourd'hui). Passion, ironie, tendresse, inquiétude, avec la mélodie de l'accent sous les mots. On entend la langue corse, tenace, vibrante. Et toujours le village, u paese, dont on souhaite partir par nécessité mais auquel on revient toujours, par amour. Dans les rapports sensuels au village, l'enfance est là. Pas d'enfance corse sans village. Pas de Corse non plus. Ils retrouvent la force paysanne et pastorale des anciens, la grande famille solidaire, les croyances populaires, la ferveur religieuse et les rites ancestraux, la nature sauvage, libre, belle, terre d'exploration des garçons, la rue, le stade, les champs... Autant de lieux inaccessibles tacitement aux filles qu'on autorise à aller seules jusqu'à la fontaine, à l'église, qui, dans la maison étendue à la cour et au jardin, sont enfermées par la tradition - les gestes domestiques, nourriciers, le temps des femmes - et initiées au devoir de transmission avec mères, tantes, grands-mères.
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Actualisation : novembre 2011 |